J’ai tenté de mathématiser ma vie « amoureuse ». Histoire de faire le point. Pour voir si, en regardant des chiffres, j’allais avoir envie de me mettre en boule dans le fond de mon bain, sourire ou bien me mettre en mode panique puis me créer un compte sur tous les estis de sites de rencontre du monde. ************************************* Basé sur 132 mois de vie sexuelle active Mois en couple : 56 42% Mois de type « célibataire » : 76 58% En moyenne, un gars différent aux 2,45 mois en période de célibat (Ceci comprend les fréquentations, Jésus et les amants d’un soir). Chiffres en rafale :
Sur moyen-long terme, sur une base qu’on nommera ici « fréquentation » : 15 Chum : 3 Gars qui ressemble à Jésus juste pour le kick de pouvoir lui crier en plein orgasme « Oh my God! » : 1
*Aucune corrélation facile, directe et évidente ne peut/doit être faite entre ces trois [3]. ** Vit à 16 753km d’ici La génèse
Mise en contexte du cas étudié. 0 à 11 ans. Vie amoureuse : Nulle (Sauf pour Robert B. Le monsieur qui faisait les rénos chez mes parents. Il m’a sortie du fond de la piscine à 3 ans. J’ai recraché mon bouillon, puis mon premier reflexe a été de lui demander de m’épouser. On s’est fiancés avec des rondelles de concombres) **************************** Cinquième année, 11 ans. Probablement après un travail d’équipe et un classique bout de papier à cocher « Oui », « Non », « Peut-être », je me ramasse en « couple » avec Maxime. Ça dure 3 semaines. 21 jours où on s’ignore. Bien trop gênés pour assumer ou encore comprendre ce que « être en couple » peut bien vouloir dire anyway. En gros, on est obligés de danser un slow à la disco du vendredi dans le gymnase de l’école John Adams, that’s it. De toute façon, mon agenda est beaucoup trop chargé. Jouer au ballon-chasseur, trouver des pets de loup dans la cour d’école puis essayer de gérer mon tamagotchi au bord de l’agonie entre 2 récrés. Arrive le 21ème jour de notre « relation ». Maxime traverse les jeux de quatre coins d’un pas décidé. Il vient me voir, supporté de sa gang de chums. Ma gang de filles en pantalons Adidas (on est les sportives) puis moi on le regarde. Y’a l’air bête, il transpire du front (il venait de faire une grosse game de balle au mur). -Ouin, ben j’casse… Ben en fait, Alexandra c’est ma nouvelle blonde. Est vraiment plus populaire. T’sais, a porte des jeans, a deux mèches ben croutées de gel qui lui cadre la face puis ses parents lui laissent se mettre une criss de ligne blanche sur les paupières. -… -Ok ben c’est ça. Désolé d’être le premier asshole d’une longue lignée. Bye. (Ok… je paraphrase.) J’ai eu mal. Bon… Mon orgueil a eu mal, mais je le savais pas encore à ce moment-là. Fait que j’ai pleuré, beaucoup. Comme dans les films. Je prétextais des gastros pour aller pleurer dans les toilettes. Les gestes d’amour avaient beau jamais avoir existés, la douleur dans la poitrine, elle, était trop réelle. Normal pour une petite fille de 11 ans? Je sais pas. Tout ce que je savais, c’est que je m’étais fait crisser-là pour une Baby Spice (Une vraie de vraie). Puis fort probablement parce que mes parents m’habillaient en t-shirt Humeur design et pantalons Orage. *************************** Après ça, même si j'ai commencé à porter des jeans, le secondaire n’a pas été plus radieux. 11 à 17 ans Vie amoureuse : inexistante Premier choix dans les sports, dans les travaux d’équipe, dans tous les projets, mais aucun p’tit gars à me considérer dans ses choix de french. Jusqu’à l’été entre mon secondaire puis mon entrée au Cégep, j’avais toujours pas de signe de ma puberté. Ma mère avait même pris un rendez-vous chez le doc en pensant que j’avais pas d’ovaires… Ce qui fait que pour des ados difformes aux longs bras, aux longues jambes et à la voix fluctuante, mon size de fille qui s’est habillée chez Jacob Jr jusqu’à son bal avait peu de potentiel de déviergeage. C’est comme un moment où mon cerveau a fucké. Au lieu de réaliser que les hormones adolescentes sont plus dommageables que bien des armes de destruction massive, je me suis mise à penser que je devais tout simplement pas être aimable. Pas que j’était pas fine, mais que j’avais un genre de défaut de fabrication qui me rendait inapte à être aimée. Que j’avais pas ce qu’il faut pour que quelqu’un veuille de moi. Puis là, tu cherches, tu cherches, tu cherches en criss ce qu’il te manque. T’as beau te faire dire que t’es cute, que t’as la meilleure moyenne générale, que t’es drôle, dynamique, bonne en sport… le constat est là et le couperet tranche violemment. T’es seule, donc personne ne veut de toi. Et la roue part et roule longtemps. Puis là, fuck toutes les réussites que tu peux bien avoir, ça vaut rien parce que dans la seule catégorie de bonheur qui importe pour toi, t’es un échec lamentable. J’en es-tu gaspillé des 11:11 à espérer que quelqu’un m’aime. *************************** Automne 2004. Celui post mon bal, habillée dans une robe achetée dans un magasin pour enfant. Étudiante en sciences humaines sans mathématiques. Un matin d’octobre, un violent « Tabarnack » retentit de la salle de bain. J’ai mes règles osti. Résultat de deux beaux ovaires bien fonctionnels. Ma mère pleure, elle est émue (et m’achètera d’ailleurs un horrible miroir soleil/lune, d’une boutique sur St-Denis qui vend bien des cossins en bois, qui représente mon changement de fille à femme). Personnellement, je suis plutôt neutre face à la situation. Y’est 5h45am, j’habite en banlieue. Je vais au Cégep à Montréal. Je dois partir dans 20 minutes pour me taper l’1h30 de transport en commun, puis je dois dealer avec le fait que « Wouhou, j’suis une femme! »… c'est à dire, regarder d'un air perplexe le cours de tampon 101 donné par docteur mom (Y'était trop de bonne heure pour lui expliquer que je savais déjà comment faire). Non, ce « tabarnack » n’en était pas un de réjouissance et de soulagement. En quelques semaines/mois, mon corps a changé drastiquement. Ça a fait mal, au point où j’étais en permanence sur les antidouleurs pour contrôler mon arthrite de croissance. Mais reste qu’au printemps, les bourgeons étaient sortis, j’avais enfin des totons. Et malgré tout l’inconfort du nouveau body, le regard des autres venait de changer. On te scrute, on te potentialise, on te considère. Comme si j’avais eu une décharge hormonale lancée dans le cosmos, un mémo envoyé à tous, dixit «Nouveauté femme dans votre quartier - She’s ready to give birth»
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Des lettres, des mots, des phrases... qui font parfois du sens.À propos de l'auteurePas de gants blancs pour la page blanche. Je salis l'immaculé. C't'un exutoire. Archives
Octobre 2023
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